Histoire de la bibliothèque
De sa création...
Avranches, cité épiscopale, ne possède pas de bibliothèque publique au XVIIIe siècle. Le 19 février 1790, dom Maurice, le prieur du Mont Saint-Michel, remet un inventaire des biens mobiliers et immobiliers du monastère entre les mains des officiers du bailliage d'Avranches. Aujourd'hui disparu, ce procès-verbal présentait 4 630 volumes de la bibliothèque montoise. Entre le 5 et le 22 mai, celle-ci est confisquée et sommairement inventoriée, alors qu'elle demeure sur place. Le 22 décembre, la bibliothèque, le chartrier et tous les ornements de la Sacristie sont emportés dans des tonneaux : c'est la naissance du dépôt littéraire d'Avranches. L'ensemble des documents est alors rassemblé dans l'orangerie de l'évêché. Dès 1795, en sus de celle de l'abbaye du Mont Saint-Michel, la bibliothèque intègre celles du chapitre, du séminaire, des évêques d'Avranches, des abbayes de Montmorel et de la Lucerne, du couvent des capucins ou, encore, celles privées et plus petites d'anciens religieux réfractaires, exilés ou emprisonnés.
En juin 1796, la création d’une École Centrale du département offre à la bibliothèque l’opportunité de se doter de livres scientifiques, dans un esprit encyclopédique. Agrémentée des dépôts de Pontorson et des autres dépôts de l'arrondissement d'Avranches, la bibliothèque est transférée en 1801 dans un pavillon du collège nouvellement. En 1831, composée d’environ 10 000 volumes, elle est déjà considérée comme l’une des plus importantes de Normandie, tant par le nombre que par la beauté des éditions qu’elle renferme.
Toutefois, le local qui l’abrite est jugé « humide et mal aéré » par le bibliothécaire, alors que le bois des tablettes servant à entreposer les livres est « usé et vermoulu ». Les premières mesures de conservation et de réparations sont alors déployées et on envisage de lambrisser la petite salle orientée au nord et mal éclairée.
En 1850, les élus choisissent d'installer la bibliothèque au second étage de l’Hôtel de ville, selon les plans de l’architecte François Cheftel (1800-1892). Dans une grande salle de 18 mètres de long pour 9 de large et 7 de hauteur, les « livres sont rangés par catégorie dans des casiers couleur chêne qui couvrent toutes les parois ». Lors du transfert en 1853, si l’orientation nord de la bibliothèque fait débat entre les conservateurs, le choix de la salle actuel est maintenu. L’installation semble effective dès l’année 1856, alors que l’Hôtel de ville est encore en cours d’aménagement.
... À nos jours
Cet écrin extraordinaire vise à accueillir les manuscrits du Mont et s’accompagne d’une politique d’achat et de dons de l’État, dont la fameuse Description de l’Égypte. En 1897, d’importants travaux sont réalisés dans l’Hôtel de ville, y compris les poutres de la bibliothèque, afin de renforcer la charpente. Problématique centrale de tous les dépôts de conservation d’archives, le manque de place conduit à un agrandissement à partir de 1902.
Au cours du XXe siècle, la bibliothèque s’enrichit de divers dons et legs. Malgré les importantes destructions dans la ville, elle est épargnée par la Seconde Guerre mondiale. Dès le mois de mai 1940, les collections sont transférées dans les caves de l'immeubles dit Le Doyenné, rue d'Auditoire, alors que les documents précieux sont transférés au château d’Ussé, à Rigny-Ussé en Touraine, à partir des mois de mai et de juin 1942. Avec un total de 232 caisses provenant de la Manche (bibliothèques de Carentan, Valognes, Cherbourg, Coutances, etc.), les archives subissent donc le même sort que toutes celles situées dans la zone côtière interdite (ZCI) et ne retrouvent finalement leur place qu'en mars 1946.
Depuis, les ouvrages sont constamment menacés par la poussière, l’humidité, les insectes ou le développement de champignons. Ils requièrent donc une attention continuelle. À partir de 1963, une annexe de la bibliothèque est créée dans le bâtiment de l’ancienne prison, devenue musée municipal, afin d’y déposer et exposer les manuscrits chaque année de Pâques à septembre. Depuis les années 1980, diverses opérations de rénovation et de restaurations sont menées pour préserver ce patrimoine. Ainsi, en 1982, la création d'une bibliothèque de lecture publique dans un bâtiment neuf libère de l'espace pour les documents patrimoniaux.
En 1985, on constate que les manuscrits – alors confinés dans un placard au niveau du mur nord – subissent une attaque de champignons. Ils sont alors transférés à la Bibliothèque nationale pour être désinfectés. On profite de l'occasion pour réaliser des microfilms et des photographies pour l'Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT). Jusqu'en 1990, plusieurs aménagements ont été réalisés pour améliorer la conservation : installation d'un faux plafonds et mise en place d'une climatisation.
Celle-ci offre de bonnes conditions de conservation et permet la présentation d'une quinzaine de manuscrits durant trois mois maximum. Ainsi, ce patrimoine millénaire est présenté au public dans son ensemble. La mise en place d'une rotation stricte permet à certains ouvrages célèbres d'être préservés, alors que la bibliothèque patrimoniale offre toujours la possibilité d'accéder aux originaux pour les chercheurs.
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